Objectifs pédagogiques
Le mot « addiction » tend à se conjuguer de manière souvent trop extensive, un flou artistique usurpe souvent la place d’une approche plus raisonnée des phénomènes observés. Multiples sont les questions qui se posent : sommes-nous devant un symptôme ou une structure ? La prise de toxiques est-elle la seule démonstration envisageable ou y a-t-il un élargissement de la gamme de comportements où la prise de risques est le dénominateur commun ? Comment comprendre et élaborer ces prises de risques bien spécifiques ? Peut-on assimiler toutes les conduites compulsives à des comportements addictifs ? Sommes-nous en droit de penser qu’une observation psychanalytique, soit-elle la plus fine et la plus juste puisse être suffisante dans les situations d’urgences qui se multiplient ? À l’inverse peut-on se satisfaire de l’illusion salvatrice d’un déconditionnement du symptôme addictif ou doit-on aller plus en profondeur dans la prise en charge de patients qui n’attendent que de répéter leurs conduites ou d’en choisir d’autres qui auront le même effet auto-calmant sur la pulsion ?
S’intéresser aux addictions nouvelles, comme celles se greffant sur les jeux d’argent en ligne et les cyberaddictions ne doit pas faire oublier de considérer dans son ensemble le phénomène clinique des addictions et les problématiques psychiques qui s’y rattachent. Ainsi, l’alcool, le tabac, l’héroïne, la cocaïne, l’ecstasy et crack, de même que d’autres médicaments détournés de leur usage restent plus que jamais des agents addictogènes majeurs.
De plus, de nouveaux comportements, et non des moindres, sont venus prendre une place de choix dans la liste déjà longue des addictions, à savoir et entre autres les Sexaddicts et les Cyberaddict. Si ces addictions avaient donné lieu à une trentaine de pages dans la première édition d’‘’Addictologie Clinique’’, un nombre beaucoup plus conséquent de feuillets leur a été consacré dans la dernière édition et dans l’enseignement dispensé au sein de ce DU. [En juin 2015, les Presses Universitaires de France (PUF) ont publié la seconde édition revue augmentée d’un ouvrage : « ADDICTOLOGIE CLINIQUE », sous la Direction d’Éric Toubiana : un manuel de près de 900 pages, devenu depuis une référence en la matière.
Ainsi, si le sexuel (au sens où la psychanalyse l’entend, c’est-à-dire le sexuel généralisé, le libidinal, le pulsionnel, …) était déjà abordé, c’est aussi à la sexualité en tant qu’activité employée comme un toxique, quelquefois consommée avec d’autres toxiques, que nous nous intéresserons plus largement.
La formation proposée par ce Diplôme d’Université de Paris Diderot a l’ambition de répondre à ces demandes par une pluralité de champs de registres explicatifs où l’approche psychanalytique sera néanmoins privilégiée. Mais, négliger ce que les approches cognitivistes et neurobiologiques apportent à la compréhension des addictions serait faire preuve d’un dogmatisme aussi encombrant qu’aveuglant. Restreindre une approche des addictions à une simple question d’apprentissage ou de dérèglement biologique serait tout aussi dogmatique et restrictif. Globaliser le tout sans être pour autant exhaustif est le but avoué de cette formation.
Nous ne mésestimerons pas un instant la fonction de soupape remplie par ces particularités comportementales en ce qui concerne l’appareil psychique. La géopolitique des toxiques, le rapport du trafic de ces toxiques et la fonction de régulateur social paradoxal ne sera pas oubliée tout au long de l’année d’enseignement de ce DU.
Une série de communications et de supervisions suivies de débats scandera l’approche clinique et tentera de théoriser l’expérience vécue. De multiples facettes des addictions seront abordées, entre autres :
– Problèmes nosographiques.
– Comorbidité psychiatrique et addiction.
– Structures, symptômes ou comportements ?
– Neurosciences et addictions.
– Trouble de la personnalité et addictions
– Élargissement des addictions hors de la prise de toxiques.
– Sériation des différentes formes d’addiction.
– Approche familiale de l’addiction
– L’adolescent et les addictions.
– Les nouvelles addictions : la pulsion à l’épreuve du virtuel
– High Tech et conduites addictives.
– Extension de l’addiction aux activités dites sublimatoires.
Compétences visées
A l’issue de cette formation et de sa validation, le postulant sera dans une meilleure capacité de :
- Pouvoir poser un diagnostic de conduites addictives.
- Intégrer la notion de comorbidité. (Structures et Toxiques)
- Saisir la notion d’Addiction comportementale.
- Analyser les problématiques psychiques qui sous-tendent les addictions.
- Comprendre les mécanismes neurobiologiques mis en œuvre dans les opérations toxiques.
- Intégrer les mises en place des prises en charges spécifiques.
Pré requis
Bac + 3/4 ans, ou 5 années d’expériences de terrain dans les milieux concernés par les conduites addictives (sur dossier).
Public visé
Ce DU s’adresse à tous les professionnels de la santé qu’ils soient en exercice ou en fin de formation (sur dossier). Ce DU concerne particulièrement les cliniciens et les travailleurs sociaux en butte à la particularité des comportements observables et de leurs prises en charge, confrontés à des patients présentant des conduites addictives se surajoutant à leurs pathologies initiales. (Comorbidités).
Psychiatres, médecins généralistes ou spécialistes, médecins du travail, ainsi qu’internes en médecine ou en psychiatrie, cadres d’institution de soin, psychanalystes, psychologues cliniciens, psychologues du travail, psychologues scolaires, éducateurs spécialisés, infirmiers hospitaliers ou libéraux, infirmiers cadres ou de terrain, travailleurs sociaux, étudiants en fin de cursus, sont les inscrits habituels de cette formation. Cependant les responsables des services des relations humaines dans l’entreprise ou leurs collaborateurs, les chevilles ouvrières des réseaux associatifs, les juristes et hommes de loi, trouveront naturellement leur place au sein de ce DU.
Enfin les personnels de l’Éducation Nationale, enseignants comme encadrants, trouveront dans ce DU bon nombre d’éclairages devant un phénomène épidémique qui traverse la globalité du champ social, à commencer par les adolescents qui sont, bien entendu, la première cible visée par certaines addictions venant contrarier leurs développements, tant affectifs que scolaires.
Responsables
Responsable universitaire :
- Pr. Stéphane THIBIERGE, Psychanalyse, Professeur à l’Université Paris Diderot-Paris 7, UFR IHSS département d’Études Psychanalytique
Responsable pédagogique :
- M. Eric TOUBIANA Psychothérapeute, Psychanalyste, Ex- Maître de Conférences à l’Université Paris-Diderot Paris 7, Chercheur au CRPMS de l’Université Paris Sorbonne Cité.
Superviseurs :
- Dr Françoise BLANADET, Psychiatre et Psychanalyste, Paris.
- Dr. Sophie LAURET, Praticienne Hospitalière, pôle psychiatrique du 7ème Arrdt Paris. GPU.