
Prochain colloque organisé par Mi-Kyung Yi et Isée Bernateau (Axe Enfance et adolescence, CRPMS) le 28 janvier 2017
« Délinquants sexuel en petite culotte », « adolescents sex-addict »…
Le scandale du sexuel infantile tient à la découverte d’un sexuel qui se mêle de tout, y compris ce qui fait et défait la vie du petit d’homme. Freud disait que l’existence de la vie sexuelle chez le petit enfant offense le sentiment humain. A l’aune de notre modernité qui se targue d’une sexualité « libérée », la sexualité de l’enfant semblerait relever des idées reçues. Elle paraîtrait même criante jusqu’à imposer l’idée d’une « hypersexualité ». La clinique psychanalytique contemporaine se retrouve ainsi confrontée aux manifestations sexuelles bruyantes et sans fard, dont la précocité croissante et la violence constante rendent caduque la représentation même d’un seuil structurel entre enfance et adolescence. Plus d’enfant donc, que des « pré-adolescents » ?
Comment ne pas y voir le reflet de la société contemporaine hypersexualisée où le sexuel est non seulement partout mais tend à devenir le tout ? Il importe donc de prendre la mesure des incidences de cette sorte de raz-de-marée sexuel implicite et explicite sur la construction psychique et le développement sexuel de l’enfant et de l’adolescent. Difficile néanmoins de réduire l’hypersexualité chez l’enfant et chez l’adolescent aux conséquences de la sexualité omniprésente et banalisée. Sauf à méconnaître la diversité de ses différentes modalités d’expression et la complexité des enjeux psychiques qui se donnent à voir et à entendre à travers une sexualité se signalant par son excès. Qu’en est-il, au fond, du sexuel infantile dans cette hypersexualité caractérisant les pathologies contemporaines de l’enfant et de l’adolescent ? L’hypersexualité serait-elle simplement une expression nue de la démesure du sexuel infantile déjouant le travail de refoulement et jouant de l’offre de l’époque de la « sexolâtrie » ? Or, certains agirs sexuels marqués par leur génitalité précoce et figée semblent s’apparenter davantage à une sexualité adulte perverse, interrogeant ainsi un défaut radical du sexuel infantile dans ce que ce dernier possède de polymorphe et de mobile. Il arrive aussi que la sexualité compulsive et addictive s’installe à l’adolescence tantôt comme une lutte contre l’angoisse du désir, tantôt comme un masque posé sur la menace dépressive voire l’effondrement mélancolique.
Face à ces enfants et adolescents qui semblent prendre à la lettre le scandale du sexuel infantile, le traitement psychanalytique pourrait se trouver comme débordé par l’abondance des biens. C’est dire que les défis thérapeutiques de cette clinique engagent, au-delà des considérations techniques, une réflexion sur les « bousculades » contre-transférentielles.
Intervenants :
- Michael BENYAMIN (psychanalyste, maître de conférences, Université Paris Diderot)
- Isée BERNATEAU (psychanalyste, maître de conférences-HDR, Université Paris Diderot)
- Marie DESSONS (psychanalyste, Maître de conférences, Université Paul Valery de Montpellier)
- Laura DUPREY ((psychologue clinicienne, service de pédopsychiatrie, CHI Robert-Ballanger)
- Chantal LHEUREUX (psychanalyste, Maître de conférences-HDR, Université Paris Diderot)
- Jocelyne MALOSTO (psychanalyste)
- François RICHARD (psychanalyste, professeur émérite, Université Paris Diderot)
- Claire SQUIRES (psychanalyste, maître de conférences-HDR, Université Paris Diderot)
- Mi-Kyung YI (psychanalyste, professeur Université Paris Diderot)
Lieu :
Université Paris Diderot,
Halle aux Farines Amphi 2A
Entrée libre