
L’UFR d’Études Psychanalytique en partenriat avec l’Institut Levinas ouvre pour une nouvelle année, dès novembre 2016, le D.U Ethique de la Responsabilité !
Une éthique de la responsabilité ne peut être réduite à l’argument kantien de « faire son devoir ». Elle vient plus profondément s’installer au cœur de la problématique d’un sujet humain en tant qu’il a à répondre de son désir. C’est ce que Jacques Lacan, dans la suite de Sigmund Freud, peut par exemple développer dans ses prémisses à tout développement de la criminologie. Les philosophes de l’École de Francfort de leur côté en pointèrent l’incidence dans les questions modernes du politique et du sociétal. Il n’est pas anodin qu’ils furent ceux qui concevaient que la psychanalyse se posait en partenaire pour le sauvetage d’un sujet humain. Voire même dépositaire implicite d’une ultime réchappée au monde administré, et les référents techno- scientifiques d’une raison, dégradée « instrumentale ».
Dans le « Grand Code » de la tradition biblique, selon l’expression du peintre et poète William Blake, la scène originelle – telle que l’interprète la tradition hébraïque – de la faute première, ne réside pas dans la consommation du fruit de l’arbre défendu, mais dans la dérobade de l’homme générique Adam, qui ne répond pas à la question que lui adresse l’Ineffable : « Où es-tu ? ». La faute ainsi originellement, n’est pas d’avoir transgressé l’Interdit, mais de faillir à sa responsabilité, de ne pas endosser les conséquences du dessillement.
L’enjeu de la responsabilité se répète encore très vite dans le récit du « Commencement », Berechit : « Suis-je le gardien de mon frère ? ». Nous le retrouvons toujours avec le départ d’Abraham de Ur. Encore – plus tard – lors de l’épisode du « Veau d’or ». Enfin la question de la responsabilité est au centre du montage cosmologique et téléologique de la dernière kabbale, celle issue de l’enseignement d’Isaac Luria qui convoque l’homme à la mission du Tikkun Olam, à la réparation des mondes mal achevés par l’Ineffable. Autant de récits fondateurs qui habillent et portent dans leur sémantique propre la question de la responsabilité. Toutes ces séquences font socles, à distance du mythe comme de la théologie. D’elles, aussi, peut se déduire la phénoménologie des « sentiments éthiques » tels qu’ils se sont construits au fil des siècles : Responsabilité, Empathie, Solidarité, Justesse, Pudeur, « Bien dire », etc.
Sur l’axe d’un humanisme renouvelé et réactualisé, enseigner aux humanités bibliques aux côtés de celles gréco-latines, prend sa part aujourd’hui dans la nécessaire construction d’épistémologies transdisciplinaires, dont la variété des séminaires proposés dans le cursus de ce D.U. et l’éventail des champs abordés, peuvent témoigner de l’intention.
Liant les approches cliniques et l’éthique en fonction de « philosophie première » ainsi formulée par Emmanuel Levinas, portant sur les transactions individu/société, les interfaces psyché/culture/sciences, et ce « trans-individuel » que porte en lui le langage qui construit le sujet humain et relie les humains entre eux ; cette formation vise à porter éclairage pour tous ceux qui, quelles que soient leur condition professionnelle et domaines d’exercice, se trouvent confrontés à des problématiques relationnelles, et à un déficit de ressources d’analyse et d’interprétation aux environnements contemporains qui les assaillent.